Le troisième anniversaire de l’adoption du projet de loi 21

Nous marquerons bientôt le troisième anniversaire de l’adoption du projet de loi 21, la loi québécoise controversée qui interdit le port de signes religieux aux enseignants et à d’autres fonctionnaires qui travaillent dans cette province.

L’atteinte aux libertés constitutionnelles que représente cette loi est alarmante, mais il est tout aussi alarmant de constater le maintien de cette injustice pendant une si longue période et l’exemple inquiétant que l’utilisation de la disposition de dérogation donne à d’autres gouvernements.

À l’approche de cet anniversaire, je suis amené à formuler les observations suivantes :

Premièrement, le maintien de cette loi fait ressortir le devoir de chaque citoyen de se porter à la défense des libertés civiles pour tous les Canadiens, car chaque fois que nous restreignons les libertés civiles d’une personne, nous les restreignons pour tous.

Deuxièmement, moins nous sommes personnellement touchés par une restriction des libertés civiles, plus nous avons la responsabilité de nous y opposer pour ceux qui sont les plus lésés.

Troisièmement, le fait de compromettre toute liberté civile devient de plus en plus grave avec le temps. Chaque jour qui passe après la prise d'une telle mesure accroît la responsabilité d'en réclamer la fin. Nous ne devons pas nous habituer à une restriction des libertés civiles simplement parce que la situation devient familière.

Permettre que l’on restreigne les libertés civiles dans un État fédéral comme le nôtre est une solution particulièrement dangereuse. Elle crée la tentation pour une province d’ignorer une attaque contre la liberté dans une autre province, peut-être dans l’espoir que ses propres transgressions seront également ignorées. Cette approche menace la création d’un ensemble disparate de libertés individuelles qui changent chaque fois que nous allons dans une autre province.

De surcroît, lorsque nous tolérons une restriction de nos propres libertés civiles, nous sacrifions notre capacité à nous opposer à des restrictions comparables ou même plus sévères dans d’autres pays. Cela demeure vrai même si nous avons accepté qu’une liberté civile soit restreinte dans notre plus petite province.

La protection des libertés des Canadiens dans l’ensemble du pays est donc la responsabilité de tous, d’un océan à l’autre.

Nous vivons dans un monde où, dans de nombreux pays, les libertés civiles sont extrêmement restreintes, voire inexistantes. Réduire la capacité de notre pays à demander des comptes à d’autres pays revient à priver le monde d’un champion de la liberté dont il a grandement besoin.

Les restrictions injustifiées des libertés civiles que nous avons tolérées dans le passé, généralement au détriment de communautés précises de citoyens, prouvent que nous devons faire preuve de vigilance pour protéger toutes nos libertés civiles, pour tout le monde, en ce moment.

Nos libertés et nos responsabilités vont de pair. Les protéger est l’une de nos plus grandes responsabilités, pour nous-mêmes et pour les générations futures.

Elles sont une condition préalable à toute société tolérante, pluraliste et multiculturelle.

Elles sont une composante essentielle de la dignité humaine, de la cohésion sociale et du respect de nos concitoyens.

Il faut les protéger et les promouvoir chaque fois qu’elles sont menacées.

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